Les Nouvelles de Mélagues – Septembre 2020

La météo
L’été s’en est allé sans tirer sa révérence. Après quelques journées caniculaires, marquées par
une évaporation massive des eaux de la Méditerranée, c’est un épisode cévenol d’une violence
inouïe qui s’est abattu sur nos voisins du Gard, dans le village de Valleraugue, tout proche de la
Lozère. Une rivière à truites d’ordinaire paisible a vu son niveau s’élever de sept mètres en quelques
heures, devenue un torrent irrésistible, ayant emporté deux personnes, dont l’une, arrachée en force
de son véhicule. Une puissance inouïe, nous disent les archives météorologiques, qui n’avaient
jamais enregistré de tels déferlements en si peu de temps.
Cette fois-ci encore, nous étions en bordure des lieux de la tragédie. L’orage, audible et
visible de chez nous, est resté marginal, et même, ne nous a apporté que très peu de pluie : de 20 à
25 millimètres, selon le lieu. Autant dire que la sécheresse, à peine atténuée par ces quelques
averses, est toujours présente, et que la pluie dont nous avions besoin reste à venir.
Par contre, ce que nous n’attentions pas est arrivé sans préavis : le froid ! vingt degrés de
température perdus d’un jour à l’autre. Et le vent glacial venu du Nord nous a contraints à rallumer
prématurément nos cheminées. Non seulement glacial, ce vent était aussi très violent : on ne peut
plus parler, cette fois-ci, de « l’express de Stockholm » – c’est devenu un T.G.V. ! Dimanche matin à
Rodez, où nous nous étions rendus pour l’élection sénatoriale, il soufflait en véritable tempête sur le
parc automobile de la salle des fêtes. Ce vent fou, plus l’obligation de porter le masque, ont
contribué à donner un aspect tristounet à cette élection, qui, d’ordinaire, est l’occasion d’échanges
détendus, de plaisanteries, de rencontres conviviales … Ce dimanche ressemblait plutôt à un
cortège funèbre. Espérons cependant que ce n’était pas celui de la démocratie. Car j’ai bien peur que
cette crise sanitaire ne dégénère en crise morale, au détriment de la qualité de notre art de vivre
ensemble.
Pour corriger cette sensation négative, nous relirons, en fin de journal, un superbe poème d’Arthur
Rimbaud, poète libre, fugueur et inspiré, qui nous fera retrouver les vrais parfums de l’automne. Il avait dix-huit
ans quand il l’a composé. Et c’était déjà un souvenir de sa vie d’avant.

Partie vers la lumière
Marie-Rose MILHAU, de Maussac, souffrait depuis quelque temps de problèmes de santé qui avaient
entraîné son hospitalisation à Béziers. C’est là que la maladie l’a emportée,dans sa quatre-vingt dixième
année. Elle était la mère de six enfants. Ses obsèques ont eu lieu à Tauriac, en présence de nombreux
habitants de sa commune, et aussi de Mélagues.
Nous présentons à toute sa famille nos plus sincères condoléances.
Le sommet d’une carrière
A quoi rêvent les politiques ? À entrer dans une institution qui représente, pour eux, l’apex d’une
carrière réussie : Le sénat ! Une assemblée de « sages » (par définition!), chargée de passer au crible les
propositions de l’Assemblée nationale, composée de « jeunots » impulsifs qu’il s’agit de ramener à la
modération ! Cette définition traditionnelle n’est pas tellement caricaturale. Car c’est bien le rôle assigné aux
sénateurs de porter un regard critique sur le travail des députés. D’ailleurs, à un certain moment, le Sénat
s’appelait « Conseil de la République ». Dans la pratique, en cas de désaccord, cela se résout par une
discussion entre les deux chambres, au travers d’une commission mixte paritaire. Si un point de divergence
subsiste, c’est, en seconde lecture, l’assemblée nationale qui a le dernier mot.
Certains pays démocratiques n’ont pas de sénat. D’autres en ont un, avec des pouvoirs plus étendus
que le nôtre (les États-Unis, par exemple). Je ne me prononcerai pas sur ce point : à vrai dire, sur cet objet,
ma religion n’est pas faite. Certains disent que, vu l’âge moyen des sénateurs, le palais du Luxembourg est une
luxueuse maison de retraite. Mais il me souvient que Raymond Barre lui-même piquait de paisibles roupillons
au Palais-Bourbon ! Ainsi dit le proverbe : « comme on fait son lit, on se couche ! ».
En tout cas, les maires aveyronnais ont de nouveau viré à droite. Car Alain Marc et Jean-Claude
Anglars n’ont eu besoin que d’un seul tour de scrutin, avec des scores confortables dont, j’espère, ils ne feront
pas le mol oreiller de leurs siestes législatives !
Le rêve et la politique
L’âge du capitaine
Le journal Midi Libre a récemment publié la liste complète des actuels maires de l’Aveyron. J’ai eu la
curiosité de connaître l’âge moyen desdits maires. Voici le résultat de mes décomptes (une erreur minime est
possible mais elle n’invalide pas l’ensemble).
L’Aveyron compte aujourd’hui 285 communes (contre 309 auparavant), ce qui signifie que 19
communes ont succombé à la tentation de la fusion. Dans le tableau de Midi Libre manquait l’âge de 21
maires. Il faut donc prendre pour base 264 communes. J’ai dénombré :
De 18 à 39 ans 2 maires, (le plus jeune ayant 34 ans)
De 40 à 49 ans 47 maires
De 50 à 59 ans 69 maires
De 60 à 69 ans 109 maires
De 70 à 79 ans 36 maires
À plus de 79 ans 1 maire (81ans)
Pour ma part, à 77 ans, je me situe très haut dans l’échelle des maires expérimentés. Mais avec un
maire adjoint de 22 ans, la moyenne d’âge des deux têtes de l’exécutif municipal est de 49 ans et demi. Ce qui
rajeunit notablement l’équipe, car, comme pour Le Cid, « la valeur n’attend pas le nombre des années ».
Le Liban sous tutelle ?
Le Liban, ce pays qui fut, au XXème siècle, placé « sous mandat français »
(c’était le terme diplomatique de l’époque) par la Société des Nations de 1920 à 1943,
a gardé de solides liens avec son ancienne protectrice, la France. Mais après son
indépendance (en 1943), il est devenu le jeu des affrontements entre l’Iran, Israël, la
Syrie (pour ne citer que les principaux), qui l’on affaibli et livré au clientélisme de
dirigeants incapables de privilégier l’intérêt du pays au détriment de celui de leur
clan. Ce n’est pas un pays laïque : il est, constitutionnellement, gouverné par un
« équilibre » instable entre chrétiens de rite oriental, musulmans sunnites (Syrie,
Arabie Saoudite) et musulmans chiites (Iran). Il a souvent servi de champs de
bataille entre Israël et le Hezbollah (chiites pro-iraniens).
Aujourd’hui, la crise est patente et le pays éclaté. Mais il y a lieu de se demander si notre président a
été bien inspiré de se livrer à cette diatribe (« j’ai honte, j’ai honte, j’ai honte ») à l’égard des politiciens
libanais. Sans compter l’ultimatum qu’il leur a lancé : un mois pour arriver à former un gouvernement. Sinon ?
Sinon quoi ? Que peut faire la France ? A-t-elle encore une réelle influence dans ce pays ? À elle seule, a-telle
les moyens d’apporter aux Libanais une aide significative ? Est-ce très habile de s’adresser ainsi aux
dirigeants élus (corrompus, peut-être, mais tout de même élus) d’un pays censé être indépendant ? C’est
vraiment du néo-colonialisme comme on n’en fait plus. Et toute cette gesticulation en laissant de côté
l’Europe… Donald Trump aurait-il déteint sur Emmanuel Macron ? En matière de corruption, sommes-nous si
irréprochables, nous dont deux ministres de la Justice (le socialiste Jean-Jacques URVOAS et François
BAYROU soi-même) ont dû démissionner en catastrophe pour des affaires restées douteuses ? Les crises
politiques italiennes ne durent-elles pas plusieurs mois ? Voire plusieurs années, pour la Belgique ? Allons !
Un peu de modestie siérait mieux à notre pays…
Le virus
La presse a publié récemment un classement international multi-critères sur les pays les mieux
organisés pour combattre le corona. Tandis que l’Allemagne est classée en tête, la France occupe une peu
glorieuse 54ème place. Encore une raison d’éviter tout triomphalisme.
Et la communication officielle ? Plus l’État et le comité « scientifique » donnent d’explications, moins
je comprends. Au début de l’épidémie, il nous a été dit que le nombre de contacts avec des personnes
contaminées était beaucoup trop faible pour espérer que se crée une immunité générale. Aujourd’hui, ce
nombre monte en flèche : et il paraît que cela multiplie les risques d’attraper le virus. Alors, où est la vérité ?
Quant à la fameuse « deuxième vague », c’est du pipeau pur et simple : il n’y a jamais eu de deuxième vague.
C’est la vague initiale qui continue de se propager. Ce qui apporte la preuve par l’absurde que les masques en
tout temps et en tout lieu ne sont pas une solution ! La distance physique est bien plus efficace, puisque le
virus ne se propage pas dans l’air.
La presse est devenue illisible, à force de répéter mécaniquement les mêmes affirmations. Si vous
voulez une information honnête et vérifiée, vous la trouverez dans trois journaux : le quotidien La Croix et
les hebdos Marianne et Le Canard Enchaîné. J’espère qu’il y en a d’autres (car je ne lis pas tout), mais j’ai
des doutes. Avec notre journal, vous trouverez en tiré à part deux articles :
– l’un puisé dans Marianne, qui fait l’historique de la façon dont l’Etat a géré l’épidémie,
– l’autre, tiré d’un mensuel aux antipodes de la « grande » presse, Parasciences, qui présente une
réflexion sur le « monde d’après ».
Énigme
Affiche figurant dans la salle d’attente d’un cabinet médical :
« Il est formellement interdit d’ôter son masque »
Je me suis demandé si cette phrase aurait un sens (différent !) si on déplaçait l’adverbe :
« Il est interdit d’ôter formellement son masque ».
Éclairez-moi ! Je vous remercie.